Au fil des siècles, l’homme y a tremblé, perdu son âme, pleuré, rêvé et rit. Bienvenue dans ce lieu de mémoire où les murs ont des oreilles et la nature, toutes les vertus...
Mais que cache ce stupéfiant et austère monument historique de la
vallée d’Aspe ?
Soucieux de protéger la frontière des Pyrénées d’une possible invasion espagnole au niveau de la route du Somport, le 22 juillet 1842, Louis-Philippe signe une ordonnance commandant la mise en œuvre d’un fort défensif[i] à 765 m d’altitude, face au chemin de la Mâture[ii], dans la commune d’Etsaut, sur une falaise de la rive droite du gave d’Aspe en aval d’Urdos.
À 13 km d'Accous, on y accède alors par un pont enjambant le gave d’Aspe puis une route en lacet et plus de 500 marches à gravir pour accéder au point le plus haut. Des galeries crénelées creusées dans la roche et une dizaine de canons installés sur la place forte en font un lieu imprenable pouvant accueillir 400 hommes. Pourtant, la poudre ne parlera pas…
Achevé en 1870 alors que la France n’a plus à s’inquiéter d’une invasion espagnole, le fort abrite le 18e Régiment d’Infanterie de Pau, affecté en 1871. Intervenant en 1875/1876 contre les soldats carlistes espagnols, le R.I. y demeure jusqu'en 1925.
Année à partir de laquelle le fort fait office de colonie de vacances aux Cadets de Notre Dame de Bordeaux jusqu’en 1939.
En 1940, le maréchal Pétain décide de faire de ce lieu une prison d’État. Le régime de Vichy y interne les citoyens jugés "responsables de la défaite" à l'issue du procès de Riom. Parmi eux figurent Léon Blum, Edouard Daladier, Georges Mandel, Paul Reynaud, Maurice Gamelin.
Lorsqu'en novembre 1942, la Zone Libre est envahie, le secteur sert de position aux troupes allemandes jusqu'au 24 août 1944, date à laquelle il est repris par la Résistance aspoise, associée au Corps Franc Pommiès[iii] et aux républicains espagnols.
En août 1945, c'est au tour de Philippe Pétain, frappé d’indignité nationale et condamné à mort, d'y être enfermé 3 mois, avant de rejoindre l'île d'Yeu. Après l’abandon par l’Armée en 1962, 30 ans de déshérence du site lui valent oubli, pillage et destruction.
Suite à deux ans d’importants travaux, notamment au niveau de l’accès, le Monument historique de la Haute vallée d’Aspe (propriété de la Communauté des Communes du Haut-Béarn), accueille à nouveau les visiteurs.
Réservations obligatoires
Les visites (on peut aussi parler de randonnée sportive, donc penser à bien s’équiper et à bien se chausser), s’effectuent à partir de la nouvelle passerelle suspendue du Sescoué. La traversée de cette passerelle étant elle-même un nouveau moment fort. À terme, une seconde passerelle, prévue pour sécuriser le passage sur le chemin de Saint-Jacques, permet un accès supplémentaire au Fort. Parking sur place.
Réservations en ligne sur le site www.pyrenees-bearnaises.com
ou sur place dans les Offices du Tourisme d’Oloron-Sainte-Marie, Bedous, Arette ou La Pierre Saint-Martin.
[i] Le Portalet : il doit son nom à l’ancien péage commercial médiéval de la Porte d’Aspe
[ii] Chemin de la Mâture : un chemin de 1 200 mètres taillé dans la falaise et surplombant les gorges de l’Enfer, par lequel transitaient les troncs de bois destinés à la Marine de Louis XIV
[iii] Corps Franc Pommiès : c’est un corps franc pyrénéen (CFP) fondé le 17.11.1942 par André Pommiès. Il opérait dans toute la région Sud-Ouest et comptait près de 9 000 hommes en 1944
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